JEAN ZIEGLER
Où est l'espoir?
"Une troisième guerre mondiale se profile, dévastatrice, qui verrait l’usage d’armes nucléaires. Le meurtrier de masse Vladimir Poutine en utilise la menace pour terroriser ses victimes. L’admirable peuple ukrainien, ses alliés américains et européens, les médias l’évoquent. Quant aux peuples du Sud, ils subissent les ravages d’une guerre planétaire depuis des temps immémoriaux. Conformément aux chiffres publiés par les vingt et une organisations spécialisées des Nations unies, les décès induits par le sous-développement économique et social et la misère extrême dans les 122 pays du tiers-monde se sont élevés, en 2023, à plus de 61 millions d’êtres humains. Les démographes évaluent les ravages provoqués par la Seconde Guerre mondiale : 18 millions d’hommes, femmes et adolescents morts au combat et entre 50 et 55 millions de civils tués. Autrement dit, la faim, la soif, les épidémies et les conflits provoqués par la misère détruisent aujourd’hui chaque année presque autant d’êtres humains que la Seconde Guerre mondiale en six ans."
"L’être humain n’existe, ne se constitue et ne grandit qu’avec l’aide d’autres êtres humains. En le réduisant à sa fonctionnalité marchande, l’ordre cannibale le mutile, le prive de sa singularité, de son destin."
"L’absence d’ordre normatif international contraignant, et en particulier la paralysie des Nations unies, provoque dans les consciences collectives (et individuelles) un traumatisme, une profonde incompréhension, un désespérant sentiment d’incapacité morale."
"Je le redis avec force. Aucune victoire sur l’ordre cannibale du monde, aucune paix durable ne sont possibles en l’absence d’ordre normatif international. Or, cet ordre est incarné notamment par la Charte des Nations unies et par la Déclaration universelle des droits de l’homme.»
"Face aux conflits contemporains évoqués dans le présent chapitre, l’ONU est pourtant proprement incapable de faire respecter les exigences de sa propre Charte. En Syrie, à Gaza, en Ukraine, au Sahel, des milliers et des milliers d’êtres humains sont ainsi massacrés chaque jour et chaque nuit. Paralysée, l’ONU assiste passivement à ces horreurs qui paraissent ne devoir connaître aucune fin. L’ONU vote des résolutions que personne ne respecte et compte les victimes. Toute trace de volonté collective et de raison semble avoir déserté la planète.
Où est l’espoir ?"