THIERRY LE PENNEC
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Editions La Part Commune, 2018

THIERRY LE PENNEC
Un tour au verger

"et les roues les pales
de la machine soulevant
déchirant les mottes les touffes comme des eaux la remonte
             sur le rang ce mouvement
rotatif à l'infini refait
                                  j'aimerais
qu'un cheval passe et par silence
défasse la couenne que ça pourrisse ô ma pente
                de nord-est et les mouillères
                     de par les sources minces
                            qui sont dessous."

"Chaque jour son événement il est bon de le dire. Peu importe au fond ce que c’est s’il y a la manière, à deux mains adoptée, d’un écrit, d’un manche d’outil, s’il advient au cerveau comme un branle une cloche, une vibrée d’azur, de sombre météo. "

" chaque fois que je tourne 
un poème au tracteur me revient
la pensée d’une ornière un arbre
que le vent coucha là sur le bord "


Editions Potentille, 2016

THIERRY LE PENNEC
prés poèmes et pommes

"cette année ça commence

dans la chaleur et en

maillot de corps c’est un

vingt-trois septembre à peu près dans les temps

qu’il fit sec la chute importante

des Reinettes sans doute

vient de là tout est lié comme les mots

d’un poème écrit dans le ciel il y a

des papillons fébriles et palpitants :

l’Amiral et le Tristan"

 


THIERRY LE PENNEC
Au front
Livre peint par Claude Colas

 

Approches Editions 2012




 

Éditions du pré # carré, 2010

THIERRY LE PENNEC
toujours serai-je heureux?

"à force tu t'uses
tu la ramènes
ta gueule dans les jardins
les plantes par tes soins
taillées les herbes
sous le soleil acerbe
et de tondeuses menées
à ras la grenouillère
serrée de près
que ça aille et en sueur."

 



Editions La Part Commune, 2009

THIERRY LE PENNEC
Nono

"et gris après-midi charroyant des caillasses
dans la remorque vieille la remonte
des pensées dans la pente que fut notre vie -
les pierres dans la main pèsent
jusqu'à ce qu'on les jette à l'ornière que creusent
les roues du véhicule inlassablement
passant par la venelle les gris après-midi. "


« Une part de moi ne va pas bien
celle appelée le frère celui qui est
sur un lit d'hôpital avec à la tête
un pansement une bête noire dessous ».

Ce frère, en proie aux affres d'une maladie dont le nom n'est pas dit mais dont on se doute bien qu'elle mord, creuse et mange la vie, c'est Nono qui déjà ne parle plus, ou si peu, qui ne voit plus et qui se prépare à quitter l'ici-bas pour ailleurs. Cela, famille et proches unis, atterrés, démunis, pris dans cet échange du peu de mots qui précède le silence et l'acceptation, ne peuvent l'empêcher. Ils n'ont que leur présence à donner pour tenter d'équilibrer le balancier d'un destin qui veut que l'un sombre trop jeune tandis que les autres doivent poursuivre sans lui. Cette absence, impossible à combler, Thierry Le Pennec l'écrit avec force et efficacité. Ses poèmes brefs, roulant pierre à pierre et portant avec eux tant de gestes simples, de réflexes, d'émoi, de chaleur sur la page, s'assemblent pour créer, au final, le plus beau tombeau qui soit : celui dédié à Nono, ce frère disparu qui restera présent aux autres tant que ceux-ci le seront à eux-mêmes.

Jacques Josse


THIERRY LE PENNEC
D'humus et d'eau fraîche

"éclaircir les carottes un verbe
se conjugue à l'infinitif dans la longueur des planches
des planches aux bords caillouteux désherbées
patiemment les plants frêles s'élèvent dans le soleil surgi de derrière
le talus du voisin, sur les doigts reste une trace de rosée, bue."

Editions Contre-allées,2006


L'Idée Bleue, 2005

THIERRY LE PENNEC
Un pays très près du ciel

"battement de cils comme un envol
de sternes l'image est convenue pourtant
cela se passe au sortir des corps en une
plaine liquide sables à marée basse le soir
quand elle rabat sur elle un drap mince,
brassées de peaux remuements de choses chaudes et chéries
j'appuie
mon front contre le sien
comme les bêtes à l'attache se connaissent."

 

Gravure de Marie B.-Lahue
mars 2005

THIERRY LE PENNEC
NEO

"tout le jour à attendre
que ça se lève les nuages
          traînant du ventre sur la terre
du champ à demi-travaillé hier
jusqu’à n’y plus voir, mouillé à présent
d’une pluie nocturne les mottes
                    ressuient lentement enfin
je me décide je démarre le tracteur :
                     le soleil perce."

Editions Cahiers Blanc Silex, 2003




Editions Wigwam, 2000

THIERRY LE PENNEC
Sur la butte

"ce sont de longues journées passées
dans l'habitude d'un champ au moment
des lilas que celles que l'on pose
une à une comme les plants de pommes de terre
aux germes violacés phallus minces au creux
des mottes édifiées dans le sens contraire
à celui de la haie derrière laquelle
un pré de tout son vert apaise le gouffre presque la distance."