DUSAN KAZIC
Quand les plantes n'en font qu'à leur tête
"Réduire le monde des végétaux à la simple servitude et à une ressource nous a rendus complètement insensibles. Nous sommes devenus incapables de les voir, de les entendre, de les percevoir, de les sentir. En évacuant la dimension sensible, c’est-à-dire ce qui nous connecte au monde plus qu’humain, nous sommes devenus si sourds et aveugles à l’existence vitale d’autres espèces et aux milieux animés que ces dernières habitent, que nous pouvons aujourd’hui, sans même y penser, les condamner à la destruction."
"Mais les plantes, les animaux et les bactéries restent exclus de la sphère du travail. Ils sont dans la nature, grandissent, produisent, se reproduisent, mais tout ce travail ne serait pas un vrai travail, au sens de métier ou d’emploi. Ces êtres vivants assurent pourtant leur propre condition d’existence et, au passage, le nôtre. Pour Jocelyne Porcher, « travailler c’est être en relation. La dimension collective et coordonnée du travail est en effet centrale dans sa définition. Dans l’élevage, cette dimension collective du travail renvoie aux échanges entre hommes mais également aux relations entre hommes et animaux ». Elle a réussi à rendre compte autrement des relations entre les hommes et leurs animaux d’élevage, tout en critiquant les approches propres à l’éthologie et à la zootechnie qui présentent les relations entre les hommes et les animaux uniquement dans une perspective productive et marchande."