MARIETTE NAVARRO
Palais de verre
"Je n’adhère plus.
Il y a peut-être eu une inversion des pôles magnétiques, mais tout ce avec quoi je faisais corps jusqu’à présent, voici que je m’en éloigne. Je n’ai pas tourné le dos, claqué des portes, réglé des comptes, ni accusé qui que ce soit. Je n’ai pas eu besoin de déchirer, de rompre, d’argumenter, de convaincre. Un espace s’est installé de lui-même, une distance qui a découpé chaque chose sur le fond du ciel et l’a recollée plus loin, différemment.
Je ne colle plus à rien."
"Je nage. Il me reste beaucoup d’air, et d’un dernier coup de palmes j’atteins la rive.
Je ne sens plus la pluie tomber.
D’un geste, je remercie le groupe. Je me retourne. Je fais face à la ville. Elle est comme un mot qu’on a trop répété et qui s’est vidé de tout sens. Bientôt ce qui l’anime ne sera plus déchiffrable pour personne. On s’en éloignera comme d’une frayeur idiote.
Pour l’instant, de tout mon corps, je vais continuer à élargir le chemin.
Je tends la main pour me hisser.
J’arrive. "