WILLIAM CLIFF
Amour perdu
Le Collégien
"Il a retroussé les bords de sa culotte à
cause de la chaleur,
c'est qu'il faisait si chaud ! Cet été-là il a
entrouvert sa chemise
pour que les souffles d'air lui caressent la peau
et il aime bien que
les tiges des broussailles lui giflent les jambes,
plus loin il s'est assis
seul sur une éminence et il regarde en bas
le ruban argenté
du fleuve ensoleillé où les bateaux avancent
très insensiblement,
il reste le regard fixé au paysage,
ensuite sous les arbres
il est allé pour prendre la fraîcheur de l'ombre,
le dos plaqué au sol,
la tête sur les bras, il a senti enfin
une onde le bercer
(est-ce qu'il a dormi ?) mais soudain on appelle,
il est temps de rentrer,
les garçons se rassemblent, là ils redescendent,
en silence marchant,
le visage boudeur, vers la froide maison
où après la prière
on rejoindra un lit dont le ressort gémit
quand le corps incommode
se retourne pour retrouver le fil d'un rêve
qui s'échappe et qu'on cherche
et qu'on suit à travers on ne sait quels désirs."