JACQUES ABEILLE
Les carnets de l'explorateur perdu
"Personne ne pouvait imaginer, à l'aube de ce jour funeste, que notre affaire tournerait aussi mal. Quand mon unité fit mouvement, on ignorait encore la félonie d'une partie de notre armée. Les hommes croyaient à la rigueur morale de leurs chefs, à la puissance de leurs armes et aux vertus de la discipline. J'avais reçu l'ordre de tenir avec mon groupe, une position avancée. Un ancien moulin, au sud de la capitale, en bordure d'un petit cours d'eau, le Bassinet. Une partie de la troupe se dissimula dans les bâtiments à demi ruinés, l'autre s'installa sous le couvert d'un boqueteau. Quelques avant-postes, des groupes de deux ou trois hommes dissimulés dans des caches rudimentaires, devaient nous avertir de toute approche. Le jour était limpide. Nous n'entendions aucun bruit et n'en faisions pas davantage."